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Les petits papiers de Stéphanie
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29 octobre 2012

La grande fresque Varsovienne d'Isaac Bashevis Singer...

"Une littérature sans passion, c'est comme un pain sans farine. Tout être humain même s'il est stupide, est infiniment riche en émotions." I. B. Singer 

moskat

Comme beaucoup de lecteurs, j'ai toujours eu un "petit faible" pour les grandes sagas familiales, celles où les "petites histoires" rejoignent la "grande Histoire". Je me pourléchais donc les babines depuis quelques temps déjà devant les 700 pages de La famille Moskat, un des nombreux romans de l'immense Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature en 1978. La nouvelle traduction publiée par La Cosmopolite tout récemment était l'occasion parfaite pour se lancer dans ce gros pavé qui est de ceux que l'on dévore et que l'on referme en se disant: "Quoi, déjà fini ? Comment passer à autre chose après un tel chef d'oeuvre ?".

On y suit les Moskat une famille juive de Varsovie, de la veille de la Première Guerre mondiale au début de la Seconde, et je vous assure, il y a tout ce qu'il faut de passions, amours, haines, illusions et désenchantements pour nous tenir en haleine tout au long de ces 30 années... Au début du roman, cette famille est riche, dirigée d'une main de fer par son patriarche : Reb Meshulam. Sa mort à plus de 70 ans annonce la déchéance progressive de ses enfants et petits-enfants... L'arrivée de la Première Guerre mondiale et la modernisation progressive de la Pologne bouleversent ces familles juives déchirées entre les traditions et la volonté d'assouvir de nouvelles passions. Cette difficulté est d'ailleurs parfaitement illustrée par un des personnages principaux du roman, Asa Heshel. Il devait devenir rabbin et succéder ainsi à son grand-père mais son amour de la philosophie spinozienne et sa soif de connaissances modernes le font fuir. Il débarque alors à Varsovie la tête pleine de grands projets. Sa rencontre avec Hadassah, la petite-fille du vieux Reb Meshulam, va toutefois changer quelque peu la donne. Ces deux là s'aimeront et s'entredéchireront pendant plus de 30 ans tout en traversant de multiples aventures comme dans toute bonne saga familiale qui se respecte !

Mais Singer n'est pas qu'un excellent conteur, c'est aussi un satiriste de haut vol, il dépeint comme personne le milieu juif polonais de cette époque, il se moque avec tendresse et humanité de ses travers et excès. Cela pourrait juste être léger et ironique mais au fil des pages tout devient plus sombre, l'antisémistisme de la société polonaise de l'époque gonfle telle une bulle de haine et s'affiche décompléxé avec l'arrivée du nazisme en Allemagne. Nous quittons cette famille au début de la Seconde Guerre mondiale et je vous avoue que j'ai utilisé mon pouvoir de lectrice pour qu'ils puissent tous connaître une fin heureuse ! Singer fait décidément partie de mes auteurs préférés (même si je l'avoue mon coeur est grand et la liste plutôt longue !).

Lorsqu'il lui a remis son prix, le jury du Nobel a souligné son "art de conteur enthousiaste qui, prenant racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises, ramène à la vie l'universalité de la condition humaine". Avouez qu'il y a des éloges moins enthousiasmants, non ?

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Commentaires
F
Celui-ci, je le note sur ma lettre au Papa Noël...et j'ai dévoré "Flétrissures" en 2 jours: tu avais raison, c'est bien le genre qui me plaît!
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