Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les petits papiers de Stéphanie
Archives
6 novembre 2013

De la mine à Saint-Germain-des-Prés...

chauveau_jpeg

Sophie Chauveau, Noces de charbon, Gallimard.

Férue de sagas familiales, je dois avouer hélas ne pas me régaler toujours. Ces romans riches en personnages dont les destins s'entrecroisent et qui se heurtent à la "Grande Histoire" sont particulièrement "bankables" car très demandés par les lecteurs. Comme toujours, la conséquence de cet engouement est une production intensive et au détriment, bien sûr, de la qualité des textes.

Toutefois de temps en temps, une petite pépite sort du lot et me réconcilie tout particulièrement avec ce style de littérature. Ainsi, j'ai adoré le  livre de Sophie Chauveau où elle se sert de son histoire familiale pour écrire une formidable saga sur quatre générations.

Ce roman raconte les "noces" entre deux mondes totalement opposés, et pourtant tous deux intimement liés au charbon, véritable "or noir" début XXème siécle... Si le papa de Sophie Chauveau est le petit-fils d'un mineur mort de la silicose et dont la famille a su "s'enrichir" et quitter la mine, sa maman, quant à elle, est la petite-fille d'un directeur des houillères, philanthrope certes, mais tout de même de l'autre côté de la barrière.

Entre ces deux bords (très joliment, elle appelle cela le "côté Proust" et le "côté Simenon") il y a un gouffre sans aucun doute. Toutefois, le mitan du siécle est synonyme d'évolution sociétale et la rencontre entre les deux jeunes tourtereaux dans une cave de Saint-Germain-des-Prés est alors possible !

L'alliance des deux familles ne se fera pas sans drame car des deux côtés il y a beaucoup de fierté et un atavisme très prononcé. Comment accepter que le petit-fils d'un mineur mort pour ce "foutu charbon" épouse la petite-fille d'un de ces magnats qui ont su profiter du travail des autres ? Pareillement, pour le côté Proustien il est difficile de voir arriver d'un bon oeil ce petit-fils qui n'a jamais rien fait par lui même et qui se contente de jouir des fruits du travail acharné de ses aïeuls pour arriver à sortir du coron.

Entre secrets cachés et révélations familiales explosives, Sophie Chauveau dresse avec efficacité le portrait de deux milieux très différents, celui des mineurs et celui des rentiers. Pourtant tout n'oppose pas ces deux mondes, puisqu'ils ont au moins un point commun, celui de disparaître peu à peu dans un monde qui évolue très vite...

 

Publicité
Commentaires
Publicité