Faut rigoler....

Romain Puértolas, l'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une amoire Ikea. Le dilettante.

"Faut rigoler" nous disait le regretté Henri Salvador. Dit comme ça, difficile de ne pas être d'accord... Avouez tout de même que les occasions de franche rigolade ne sont pas légion en ce moment. Entre la Syrie, la crise économique, et certains points "chauds" du pays qui se "westernisent" à grand renfort de kalachnikov, il faut vraiment chercher le petit truc qui nous fera rire 5 minutes dans la journée.

C'est pourquoi il ne faut pas bouder son plaisir lorsqu'un O.V.N.D ( Ouvrage Volontairement Non Démoralisant ) arrive sur les tables des libraires. L'extraordinaire voyage du Fakir est un roman loufoque, aux ficelles parfois un peu grosses, mais avec ce petit goût d'originalité si agréable...

L'histoire ne manque pas de "piquant" puisque tout débute avec cette idée saugrenue du Hindou Ajatashatru Lavash Patel : partir en France dans le seul but d'acheter un lit à clous chez IKEA. Précisons que ledit Hindou est fakir de son état, mais surtout magouilleur et escroc dans l'âme. Bien qu'il préfère les matelas moelleux comme tout un chacun, il a réussi à convaincre les pauvres gens de son village qui le voient comme un gourou, de financer ce voyage. Un petit aller-retour et le voilà normalement propriétaire d'un nouveau tout beau "lit à clous", qu'il compte bien revendre assez cher illico presto. Seulement l'affaire ne se passe pas aussi facilement...

Tout d'abord, notre fakir arnaque (question d'habitude) un chauffeur de taxi rancunier et tenace. Ce taxi-man sera bien plus difficile à amadouer qu'un cobra sorti de son panier au son de la flûte. Puis, notre Hindou bien malgré lui se retrouve embarqué dans un tour du monde mouvementé digne de Jules Verne. Et tout ça parce qu'il a eu la mauvaise idée de se cacher une nuit dans une armoire Ikea, armoire qui dans la foulée a été empaquetée et embarquée à bord d'un camion en direction du Royaume-Uni.

Au bout de la route, un happy-end bien sûr. Une "chute" obligée pour une histoire qui se veut amusante mais aussi émouvante parfois. Notre fakir  multiplie les belles rencontres qui vont le faire "émotionnellement" évoluer. Ajatashatru est une sorte d'"anti-Candide" : cynique au début de ses tribulations, il retrouve peu à peu une certaine forme de candeur.

L'humour un brin "potache"de Romain Puértolas fait souvent penser à du Monty Python. Cela manque parfois un peu de finesse, mais c'est le style qui veut ça... Rien de plus dur que de faire rire avec un texte écrit, pour cela l'oral reste tout de même inégalable, il faut bien avouer toutefois que Puértolas y arrive plutôt bien.

Quant aux irréductibles fanatiques du style et du panache littéraire, j'ai bien peur que notre fakir n'arrive pas à totalement les charmer. Je leur conseillerais donc plutôt la première partie (la seconde est plus complexe, elle a moins de charme je trouve) du roman d'Eric Chevillard, L'auteur et moi.

L'auteur qui n'est jamais si drôle que lorsqu'il est "méchant" s'en prend vigoureusement au gratin de choux-fleur. Si si, je vous assure, quand on a du talent comme Eric Chevillard on peut écrire sans peine 100 pages de diatribe sur un plat aussi insignifiant. Ce pamphlet "légumier" est vraiment extrêmement réjouissant. D'autant plus agréable d'ailleurs, que très bien écrit.

Je dois avouer que depuis l'été dernier où j'ai lu ce livre, je n'ai toujours pas resservi ce plat à mes enfants (ils ne s'en plaignent pas d'ailleurs, à ce jour aucune pétition à signaler !). Si j'étais producteur de choux-fleur j'attaquerais sans hésiter Eric Chevillard pour diffamation. Non mais ! Toutefois, en tant que simple lectrice, j'avoue avoir bien ri et plus d'une fois avec les larmes aux yeux...

Voilà donc deux livres avec deux styles d'humour bien différents, alors choisissez votre camp et faîtes vous plaisir en ce joli mois de septembre...