Yves Ravey, Un notaire peu ordinaire, Les Éditions de Minuit.

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...et Dieu merci, la preuve en est faite, je ne suis pas une imbécile ! Bien que grande lectrice depuis presque toujours, mes goûts ont beaucoup évolué avec le temps. Notamment, j'ai fui pendant longtemps Les Éditions de Minuit, persuadée de ne pas y trouver mon bonheur. Sans doute, dans mon esprit, ces éditions étaient-elles trop associées au mouvement littéraire du Nouveau roman. Ah ! les idées arrêtées de la jeunesse, de quels plaisirs ne nous privent-elles pas parfois ! Heureusement, depuis, j'ai suivi les bons conseils de mes collègues libraires et amis et j'ai ainsi découvert Rouaud, Echenoz, Toussaint, Viel ou encore Chevillard... A chaque fois, en tout cas, c'est un immense plaisir renouvelé.

Connaissez-vous l'origine de cette maison d'édition ? Fondée entre autre par Vercors pendant l'occupation, elle est directement issue de la résistance avec comme premier titre publié : Le Silence de la Mer. Les livres étaient imprimés la nuit, d'ou le nom : Minuit... Après la Guerre, les difficultés seront nombreuses mais au bout du compte, et en grande partie grâce à l'éditeur charismatique Jérôme Lindon, Minuit occupe une place prépondérante dans l'édition française. Avec une vingtaine de titres publiés par an, la qualité est clairement privilégiée à la quantité et à ça, tous les libraires et lecteurs de France et de Navarre, ne peuvent qu'applaudir !

Minuit, ce sont des romans minutieux ! Lorsque le lecteur commence à lire un de ces "petits livres blanc et bleu" immédiatement identifiables, il se plonge d'emblée dans un univers particulier, dans un monde minutieusement peint. Ici, avec le dernier roman de Yves Ravey, nous sommes dans une petite ville de province comme il y a en a tant. C'est un roman avec une fausse allure de polar, où la tension monte inexorablement, oppressante. Le lecteur est comme hypnotisé, il attend la chute un peu comme dans "un état second". Dans cette petite ville de province donc, vit une veuve qui élève seule ses deux enfants adolescents. Un soir, survient le "cousin Freddy" tout fraîchement sorti de prison où il a purgé une longue peine et ce, pour une des choses les plus terribles qui soit : une agression sexuelle sur une toute petite fille. On comprend donc cette mère lorsqu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les siens et surtout sa fille, Clémence. C'est là où le notaire de la famille entre en scène et confirme l'idée qu'il faut toujours se méfier du notable de province trop lisse et trop aimable... Décidément le danger est partout et il faut bien du courage à une maman aimante pour arriver à protéger ses petits...

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...

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