Jean-Pierre Martin, l'autre vie d'Orwell, l'un et l'autre

Connaissez-vous la collection l'un et l'autre ? Dans le giron de la grande famille Gallimard, cette collection un peu atypique offre de très beaux moments de lecture. Le principe en est simple : un auteur parle en 150 pages environ d'un "autre", de son héros, connu ou inconnu. La règle du jeu est très claire : à bas toute forme d'objectivité, de la passion avant tout. Sous le mode de la confidence l'auteur nous éclaire sur le lien intime entre lui et celui qui le hante...

Récemment, Jean-Pierre Martin s'est une nouvelle fois prêté à cet exercice (il y a quelques temps était déjà sorti de lui Queneau losophe). Ici, il nous parle d'Orwell. Mais pas le Orwell l'arme à la main plongé dans le bruit de l'Histoire que ce soit en Espagne ou ailleurs, mais plutôt celui qui pour l'état civil était Eric Blair, et qui en 1946 décida de partir vivre à Barnhill, une ferme isolée au nord de Jura, une île des Hébrides intérieures. Il a décidé de s'installer avec sa soeur et son petit garçon de 2 ans dans cette île habitée essentiellement par des cerfs (5000 cerfs pour une population de moins de 300 habitants !), avec comme projet de vivre quasiment en autarcie, tout en écrivant le roman qu'il porte en lui depuis quelques temps, dont le tire provisioire est The last Man in Europe mais qui sera mondialement connu sous le nom de1984 .

Comme le note Jean-Pierre Martin, il y a deux sortes d'écrivains : "le scribe d'appartement qui est aussi un urbain" d'un côté, et de l'autre," l'activiste des champs et des bois, le poète jardinier, charpentier bûcheron" etc...Pour ces derniers " l'étrange satisfaction du corps fourbu à la fin d'une journée" est une "fatigue bienfaisante qui stimule l'imagination". Bien que n'étant ni écrivain, ni une "fille de la terre", je me suis toujours projetée avec beaucoup de plaisir dans ces vies au grand air, loin de tout (surtout des "empêcheurs de vivre sereinement"), dans un confort spartiate et sans tralala... Malheureusement, l'idée est bien plus jolie et attrayante que son application et je me contenterais donc de rêver à cette vie à côté de mon chauffage central et avec le doux bruit de mon micro-ondes en train de réchauffer ma barquette findus !

Heureusement la littérature est là, ce qui nous permet en quelques pages de vivre mille vies en mille lieux différents ! D'ailleurs là je vous laisse car je suis actuellement dans le nord de la Norvège au XIXe siècle grâce à Wassmo et à son héroïne Dina, mais ça c'est une autre histoire....

La balade Ecossaise d'Orwell...

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