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Les petits papiers de Stéphanie
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11 juin 2014

Bienheureux les poètes...

chapiteau_jpeg"La littérature est ce que l'humanité possède de meilleur. Et la poésie est le coeur de la littérature, la concentration suprême de ce qu'il y a de meilleur au monde et dans l'homme. C'est la seule et unique nourriture de l'âme. Et il dépend de vous de grandir pour devenir des hommes, ou de rester au stade animal." Ainsi parlait, non pas Zarathoustra mais, Victor Iouliévitch, le prof de Russe très charismatique des trois héros du roman d'Oulitskaïa : Ilya, Sania et Micha. Leur rencontre sur les bancs d'une école moscovite en 1951 sera le début à la fois de notre roman et de leur belle amitié.

Tous les trois sont un peu marginaux, mis à l'écart du gros de la troupe et servent bien souvent de bouc-emissaires aux grosses brutes de la classe. Ilya a un physique particulier et ne peut cacher son extrème pauvreté. Sania, élévé par sa grand-mère et sa mère, très gracile, est un musicien aguerri, certes, mais peu efficace dans les bagarres. Quant à Micha, il est juif...

Ces trois laissés pour compte voient leur vie complètement changer le jour où Victor Iouliévitch débarque dans leur classe en récitant des poèmes chaque jour différents. Cet homme leur a apporté la base de toute vie réussie : la passion... Et dans le cas de ces trois là, ce sera donc l'amour de la littérature (et de la musique pour Sania) qui guidera leur vie.

Or, la Russie vit une période troublée. Le pouvoir soviétique sombre de plus en plus dans la tragédie et en devient comique dans sa folle volonté de tout contrôler y compris la vie intellectuelle du pays...

Oulitskaïa utilise tous les ingrédients du romancier expérimenté pour nous faire "vibrer" pendant plus de 40 ans au rythme des aventures d'Ilya, Sania et Micha. A travers eux et la multitude de personnages secondaires qui forment leur entourage, elle dresse un portrait minutieux de la société soviétique, des non-sens du pouvoir en place, et du courage (ou de la lâcheté) des hommes et des femmes face à la violence politique.

Cette période de censure extrême fût aussi la période où le samizdat (des manuscrits auto-édités "en douce" et distribués clandestinement) fleurissait presque à chaque coin de rue ! Ainsi Oulitskaïa le souligne : "Jamais la Russie n'a connu une époque pareille, ni avant ni après. La poésie remplissait le vide sans air, elle se transformait elle-même en air.(...) La plus haute reconnaissance, pour un poète, ce n'était pas le prix Nobel, mais le bruissement de ces feuillets recopiés à la machine et à la main, avec des fautes et des coquilles, presque illisibles : Tsvétaïeva, Akhmatova, Mandelstam, Pasternak, Soljénistyne"...

Ce roman vibre de passion et reste surtout un magnifique hommage au pouvoir illimité de la Littérature et du besoin de liberté de penser des Hommes. Si tous les amoureux des traditionnels romans Russes vont se régaler, les lecteurs encore non-initiés seront ravis et ébahis de découvrir tout ce bonheur futur à portée de main... En effet, une fois la dernière page lue, vous n'aurez qu'un seul désir : vous plonger et vous prélasser dans un grand bain de littérature Russe !

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Commentaires
W
https://www.youtube.com/watch?v=st0Qw9AxfgM<br /> <br /> <br /> <br /> Amen<br /> <br /> vive la poesie<br /> <br /> White Weapon<br /> <br /> <br /> <br /> Pour la puissance et la gloire de la poesie moderne<br /> <br /> a faire tourner!
R
Quel régal de lire ces commentaires !!! Je remercie le Pirate de m'avoir donné l'adresse du blog ... je me délecte car non seulement c'est bien écrit mais en plus ca donne envie .. C'est sûr ce livre là je me l'achète !!!<br /> <br /> Merci beaucoup Stéphanie !!! Tu es (je me permets de te tutoyer !!!) à l'internet du petit Nord ce que "La grande librairie" est au niveau national !!!!
F
WOW il a l'air génial JE LE VEUX merci Stef :-)
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